E. Bibb et J.J. Milteau © P de GorostarzuE. Bibb et J.J. Milteau © P de GorostarzuDe grands disparus du jazz et du blues sont l'objet de beaux hommages.

Huddie Lebbetter (1888 - 1949), dit "Leadbelly" (ventre de plomb) fut l'une des figures majeures du blues rural, même si son style se rapprochait plus du folk-blues voire de la musique folk. Physiquement costaud, il était connu à l'époque pour son tempérament colérique. Ce qui lui valu de se retrouver à plusieurs reprises derrière les barreaux - le pire en 1917 pour meurtre au Texas - puis en 1930 à la célèbre ferme prison d'Angola en Louisiane pour tentative de meurtre. C'est là qu'il fut découvert par John et Alan Lomax, (père et fils), les fameux ethnomusicologues et folkloristes à l'origine de nombreuses carrières et surtout d'archives sonores devenues historiques. Quelques décennies plus tard, le guitariste/chanteur Eric Bibb et l'harmoniciste Jean-Jacques Milteau ont décidé de rendre hommage à ce personnage unique et célébrer son héritage musical à travers "Lead Belly's Gold" (DixieFrog/Harmonia Mundi). Si cet album renferme de très nombreux chants traditionnels, il permet de redécouvrir des compositions emblématiques du bluesman comme "Bougeois Blues", "Titanic" ou "God Night, Irene", interprétées avec beaucoup de sensibilité, de vérité et de sincérité par un troubadour et conteur du blues moderne et un harmoniciste inspiré et habité par la musique dite du diable. Une rencontre au sommet du blues.

On ne présente plus Nat Cole (1919 - 1965), dit "King", l'archétype même du crooner. Chanteur unique à l'éternel sourire semblant gravé dans le marbre, premier afro-américain à animer une émission de télévision, il est à l'origine de nombreux succès et standards qui se sont écoulés à des millions d'exemplaires dans le monde. Et qui poursuivent leur carrières sur les ondes. Chanteur anglais venu de la pop et du blues, Parisien d'adoption, Hugh Coltman, avec la complicité du pianiste belge Eric Legnini, a trouvé dans l'immense répertoire de l'éternel crooner, matière à réaliser un disque, "Shadows, Songs of Nat King Cole" (Sony/Okeh). Un CD qui reprend des titres phares - "Mona Lisa", "Nature Boy" ou encore "Smile" - et d'autres moins connus comme "Anabelle". Le tout interprété par un chanteur à la sensibilité juste et touchante, doté d'une voix profonde et pleine de vibrations. Il sera en concert notamment aux Nancy Jazz Pulsations et au Tourcoing Jazz Festival, respectivement les 14 et 17 octobre.

La diva égyptienne Oum Kalsoum (ou Oum Kalthoum - 1898 - 1975) fut LA voix de l'Orient. Surnommée l'"Astre d'orient", la "cantatrice des pauvres" ou "la voix incomparable" par Maria Callas, elle demeure actuellement encore la plus grande - et la plus réputée - chanteuse du monde arabe. En enregistrant "Kalthoum" (Decca/Universal), Ibrahim Maalouf a voulu à la fois rendre hommage à une vocaliste exceptionnelle et célébrer la femme. A la tête d'un quintet comprenant des pointures et complices comme Mark Turner (saxophone), Frank Woeste (pinao), Larry Grenadier (contrebasse) et Clarence Penn (batterie), le trompettiste franco-libanais a revisité acoustiquement, "Alf Leila Wa Leila", un des plus grands succès de Madame Kalsoum, qui est aussi une longue suite d'environ une heure. Une musique particulièrement accrocheuse à l'oreille, aux racines du crossover et du néo-métissage, qui va ravir les amateurs du genre et d'un trompettiste très médiatisé.

Didier PENNEQUIN