Kurt Elling ©Anna Webber Si le jazz est populaire de nos jours, c'est principalement grâce aux chanteuses qui attirent les foules. Même si certaines d'entre elles, souvent éphémères, n'appartiennent pas forcément à cette catégorie ! Les hommes, quant à eux, ne boxent pas dans la même catégorie. Pourtant, face à la pléthore de chanteuses, parfois dites de "jazz", quelques mâles à la belle voix résistent.

Ainsi, certains sont les véritables héritiers des meilleurs représentants que furent notamment Nat King Cole, Mel Tormé, Johnny Hartman (qui a enregistré en duo avec John Coltrane), Billy Eckstine, Al Jarreau et Jon Hendricks, tous deux disparus l'année dernière. Comme Kurt Elling.

A 50 ans, le chanteur à la voix d'or et de velours, originaire de Chicago, prouve dans son dernier CD, "The Questions" (Okeh/Sony Music) que son répertoire couvre très large. Certes, les Harmmerstein/Rodgers, Hoagy Carmichael/Johnny Mercer ("Skylark") et Leonard Bernstein du Great American Songbook sont présents. Mais, parmi les autres "invités" figurent aussi Bob Dylan ("A Hard Rain's A-Gonna Fall"), Paul Simon, Peter Gabriel, Jaco Pastorius et Carla Bley.

Avec en prime, pour accompagner ce multi-récompensé aux Grammy Awards, de sacrées pointures comme le fidèle Branford Marsalis (saxe), le jeune Marquis Hill (trompette), Joey Calderazzo (piano) ou encore Jeff "Tain" Watts (batterie). D'admirables compagnons pour un chanteur de jazz d'exception qui vient de réaliser un album de très haute tenue vocale.

(Il sera en concert le 17 avril à La Seine Musicale de Boulogne-Billancourt et auparavant en tournée à Schiltigheim le 10, Cholet le 11, Caen le 13, Saint-Nazaire le 14 & Nice, le 16).

Voix européennes

Hugh Coltman©Crista Rock Venu du blues-rock, versé dans la pop avant de rebondir dans le jazz grâce au pianiste belge Eric Legnini et à un très beau disque en hommage à l'une de ses idoles, Nat King Cole, avant d'être couronné aux Victoires du Jazz en 2017, Hugh Coltman propose un nouveau voyage en musique en lorgnant vers La Nouvelle-Orléans.

Le chanteur britannique, installé à Paris depuis quelques années, vient donc de graver un CD interrogatif : "Who's Happy" (Sony Music/Okeh). Et la réponse s'impose d'elle-même : les auditeurs de cet opus en hommage à la "mère" de nombre de musiques modernes et au berceau du jazz. Pour cela, cet élégant charmeur au talent débordant de swing et de verve, a fait appel à un solide brass band local pour soutenir des compositions originales (dont certaines autobiographiques) qui plongent dans les racines du jazz. Un travail enchanteur rempli d'émotions sincères, de bonnes vibrations et d'inspirations fécondes.

(Il sera en concert le 12 avril au Bataclan à Paris, le 13 à Viry-Châtillon, le 20 à Schiltigheim, le 25 mai à Rumilly & le 30 juin à Châteauvallon)

David Linx ©Amaury VoslionDécouvert au sein d'un tandem avec le pianiste Diederik Wissels au début des années 1990, le vocaliste belge David Linx s'est révélé être un chanteur de jazz tout-terrain.

Un qualificatif qui s'affiche dans son dernier disque "7000 Miles" (Sound Surveyor Music), enregistré avec le trio de l'emblématique batteur français André Ceccarelli (Pierre-Alain Goualch, piano/Fender Rhodes ; Diego Imbert, contrebasse).

Trois hommes que le chanteur , à l'expression et à l'intonation vocale si particulière et reconnaissable, connait bien pour avoir gravé voici une dizaine d'années un hommage à Claude Nougaro. Quant au dernier opus, au milieu de thèmes originaux, figurent deux classiques revisités - "Sitting On The Dock Of The Bay" d'Otis Redding et "Night and Day" de Cole Porter - qui affirment la formidable cohésion expressive de ce quartet.

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Kurt Elling©Anna Webber /Hugh Coltman©Christa Rock & David Linx Trio©Amaury Voslion