Grégory PorterGregory Porter©Marie-Evelyne ColonnaLe second week-end de la 10è édition du Monte-Carlo Jazz Festival s’est ouvert jeudi avec sur scène deux crooners qui ont montré des muscles vocaux : Mario Biondi et Gregory Porter.


D’entrée, ce qui frappe quand Mario Biondi, à la voix superbement grave qui vous prend aux tripes, attaque son récital, c’est son extraordinaire ressemblance avec Barry White. Tout chez Mario Biondi nous rappelle l’immense créateur d’un tube planétaire au cœur des années 1970, « You Are The First, The Last, My Everything », connu pour sa taille imposante et les torrents de sueur qui dégoulinaient de son visage quand il était sur scène : les intonations vocales, les rythmes, la musique fortement teintée de soul, de funk et de rhythm’n’blues, l’écriture mélodique des chansons, Comme son aîné, l’élégant chanteur italien, crooner musclé, s’adresse uniquement aux femmes, sait les charmer, les attendrir, les faire vibrer grâce à cette voix grave, cependant belle, enjôleuse et ravageuse. Le tout soutenu par une musique de variété de qualité qui restitue bien cet univers particulier du R&B des décennies passées. Irrésistible pour la gent féminine !

Gregory Porter, un crooner jazzy
Depuis qu’il est apparu sur la scène du jazz vocal au début des années 2010 et a connu une carrière fulgurante, Gregory Porter reste fidèle à ses fondamentaux, à savoir ses racines jazz, blues et gospel, et sa dévotion pour l’archétype des crooners, Nat King Cole. Comme son aîné, il parvient, à travers des titres originaux ou la reprise de certains succès funk, à faire passer son émotion de manière très touchante. Sa voix de ténor, au timbre clair, lyrique, parfois poignant et sensible, est un organe au charme lui aussi irrésistible. Il prend tout la profondeur du chant quand il interprète ses propres compositions comme « On The Way To Harlem », « Hey Laura » et s’exprime en duo avec son pianiste, Chip Crawford, sur «  Wolf Cry ». Sans jamais oublier sa façon très personnelle de revisiter et de faire swinguer des tubes de la soul et du funk comme « Papa Was A Rolling Stone », « Hit The Road Jack » ou encore Skylark " , l'émouvant standard jazzy de Johnny Mercer et Hoagy Carmichael. Le tout explose quand il reprend le tube qui l’a fait connaître au grand public, « 1960 What ? ». A écouter cette voix souple et merveilleuse, on reconnaît d’emblée que Gregory Porter, qui arrive parfois à scatter, possède toutes les qualités – et plus encore ! – que l’on souhaite retrouver et redécouvrir chez un chanteur de jazz. A savoir : un homme qui vit à travers ses chansons !

D’autres représentants du style crooner sont attendus ce soir sur la scène de l’Opéra Garnier à l’image du vétéran italien Paolo Conte et du jeune et très prometteur chanteur britannique Hugh Coltman, qui va justement rendre un hommage appuyé à l’un des pionniers du genre, Nat King Cole.