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Van Morrison ©Exile ProductionsDe la jeune garde venue de Londres - Shabaka Hutchings et Moses Boyd, avec son complice Binker Golding - au vieux briscard bluesy de Belfast, Van Morrison, en passant par Mark Guiliana, Miles Mosley et la délicate Stacey Kent notamment, le Blue Note Festival (Paris - du 14 au 20 novembre) est un savant mélange de générations.

Au milieu de celles qui émergent, une manifestation incontournable digne de son historique appellation se doit d'avoir une légende et des locomotives. Et quelle légende avec la présence de Van Morrison (Salle Pleyel - 17).

A 72 ans, le natif de Belfast, membre fondateur dans les années 1960 d'un des groupes phares du British Rock, "The Them" - à qui l'on doit un tube planétaire de l'époque, "Gloria"- revient, après avoir embrassé divers horizons musicaux allant du r&b au jazz, au blues de ses jeunes années. Pour s'en convaincre si besoin était, il suffit d'écouter son dernier opus et 37è album, "Roll With The Punches" (Caroline/Universal). Dans ce disque, le chanteur (et saxophoniste-alto) nord-irlandais évoque de façon croustillante et précise son amour pour le blues et la soul.

Il y révèle aussi sa passion pour revisiter et se réapproprier les classiques du genre tout en respectant leur forme originale. Ainsi, il reprend, au milieu de cinq titres originaux totalement habités par le blues avec la complicité d'autres vétérans comme Georgie Fame (orgue Hammond) et Jeff Beck, (guitare), des compositions de Sister Rosetta Tharpe, T-Bone Walker, du tandem Count Basie/Jimmy Rushing. Sans oublier l'un des célèbres hymnes du R&B qu'il affectionne, "Bring It On Home To Me" (de Sam Cooke), agrémenté d'un riff de guitare de Jeff Beck, absolument hallucinant de virtuosité.

Les Anglais soufflent les premiers

Il semblerait que les formes les moins conventionnelles, donc les plus audacieuses en cette période de consensus musical mollasson et convenu, viennent d'outre-Manche. En effet, plusieurs sujets de sa très Gracieuse Majesté, manifestent une tendance à créer une sorte de "nouveau" jazz.

Il suffit de partir à la découverte de Shabaka Hutchings et de son groupe "The Ancestors", de Moses Boyd - et de son compère Binker Golding - ou encore de Greg Foat et de Yazz Ahmed, pour être persuadé qu'un souffle nouveau émane du Londres d'aujourd'hui.

Si le saxophoniste-ténor Shabaka Hutchings (Elysée Montmartre - 20), dont la musique incantatoire se place résolument dans une période post-Pharoah Sanders, commence à être (re)connu sur le continent, le batteur Moses Boyd, associé au saxophoniste Binker Golding (Le Flow - 15), qui s'étaient déjà produits dans le cadre du festival Banlieues Bleues, apportent véritablement une voie/voix nouvelle souvent explosive, très fortement marquée par la New Thing et le Free Jazz des années 1960.

Yazz AhmedLa curiosité londonienne se nomme Yazz Ahmed (Le Flow - 16). Originaire du Bahrein, cette jeune trompettiste et bugliste - épaulée par.... Shabaka Hutchings ! - mélange les codes entre jazz et ses influences dans la musique arabe psychédélique. Une alchimie hybride assez improbable à découvrir !

Parmi les autres moments importants à retenir, la venue du batteur Mark Guiliana (New Morning - 16), actuellement le plus demandé sur la scène jazz internationale, un autre batteur de légende depuis plusieurs décennies, Tony Allen (Elysée Montmartre - 20) pour revisiter la musique d'Art Blakey son idole, la chanteuse Stacey Kent, accompagnée par un orchestre symphonique (Salle Pleyel - 19) pour la présentation de son dernier CD, "I Know I Dream" (Okeh/Sony Music), le bassiste/chanteur Miles Mosley (New Morning - 14) ou encore le pianiste Eric Legnini (New Morning - 15).

www.bluenotefestival.fr