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Corea Gadd Band ©C Taylor CrothersLe retour du jazz-rock avec le tandem Corea/Gadd et un éclairage sur un organiste trop méconnu, Dr. Lonnie Smith : ou les premières parutions de cette nouvelle année !

cover Corea/Gadd Band"Enfant de Miles Davis" après avoir participé à la fin des années 1960 à ses toutes premières expériences de fusion entre le jazz et le rock, notamment pour les disques fondateurs que furent "In A Silent Way" (1969) et "Bitches Brew" (1970), Chick Corea, 76 ans, est revenu, avec son nouveau double CD, "Chinese Butterfly" (Concord/Universal - à paraître le 19 janvier) à ses années de braises binaires jazzy-rockisantes.A cette occasion, et pour recréer l'esprit et l'atmosphère musicale de sa formation d'alors, "Return To Forever", le pianiste/claviériste et compositeur a rappelé son complice de l'époque, le batteur Steve Gadd, 72 ans.

Ces deux héros d'une période riche rythmiquement et en matière de mélodies, après les déstructurations féroces du free jazz, ont réussi une nouvelle et parfaite alchimie musicale, reprenant l'histoire là où elle s'était quasiment arrêtée, il y a plus de quatre décennies.

Entourés de Lionel Louéké (guitare/chant), Steve Wilson (saxes/flûte), Carlitos Del Puerto (contrebasse) et Luisito Quintero (percusssions), les deux co-leaders du "Band" ont replongé dans leur passé musical commun. Et comme si le temps n'avait pas de prise - et comme si cette musique, pourtant datée, n'avait pas pris une ride ! - nous voici reparti comme en.... 1970 ! 

A l'exception de "Chick's Chum", une composition de John McLaughlin - qui fut une autre figure majeure de la période fusion - débordant d'une formidable énergie rythmique, les autres titres ont été écrits (voire co-écrit comme "Wake-up Call", avec Lionel Louéké) par le claviériste. Et ne manquent pas de clins d'oeil au bon vieux temps du jazz binaire et funky...

Avec des appels du pied comme "A Spanish Song", dont l'atmosphère n'est pas sans rappeler celle du disque "My Spanish Heart" (1976), qui était alors une étonnante combinaison entre le jazz électrique et les connotations latines, ou encore "Return To Forever", une réintérprétation de la célèbre chanson qui ouvrait l'album éponyme paru en 1972, avec comme invité de marque Philip Bailey, le vocaliste d'"Earth, Wind & Fire".

Quant au tandem Corea/Gadd, il fonctionne à merveille et chacun des protagonistes sait illustrer et mettre en valeur ses interventions, jouant ici de son inventivité; de sa maitrise époustouflante et de sa hardiesse aux claviers, là de sa richesse rythmique souvent audacieuse et dotée d'une extrème intensité.

Ou le retour gagnant d'un sacré duo et d'un jazz, alors honni et décrié, aujourd'hui entré dans l'histoire contemporaine de cette musique en constante évolution !

Evoquer l'orgue Hammond B3 c'est automatiquement faire référence à Jimmy Smith (1928 - 2005), l'immortel créateur de "The Cat" et, au passage, de la musique du film de Pierre Granier-Deferre, "La Métamorphose des cloportes" (1965).

Cependant, cet instrument, monstre de swing, de funk, de soul et de groove entre certaines mains (et pieds, parfois nus !), rencontre toujours actuellement un réel succès avec des pointures comme la respectable et vénérable Rhoda Scott, Joey DeFrancesco ou encore Emmanuel Bex en France.

Cover Dr. Lonnie SmithDans la galaxie des précurseurs et/ou suiveurs, il existe un notoire Dr. Lonnie Smith (à ne pas confondre avec son quasi homonyme, Lonnie Liston Smith !). A 75 ans, le "Docteur"', toujours coiffé d'un turban sikh et affublé d'une barbe de prophète, vient de rejoindre l'écurie Blue Note après près d'un.demi-siècle d'absence ! Un label qui lui avait offert à l'époque la possibilité d'enregistrer plusieurs albums et faire de lui l'un des papes du soul-jazz. 

Une atmosphère qui se retrouve dans son nouvel album "All In My Mind" (Blue Note/Universal - à paraître le 19 janvier) enregistré en direct au Jazz Standard de New York l'été dernier. Superbement accompagné de Jonathan Kreisberg (guitare) - qui est un membre régulier de son trio et qui délivre ici des soli magnifiques, d'une grande qualité technique, inventifs, explorés et lyriques - de Jonathan Blake (autre membre permanent de son trio) et Joe Dyson (batterie) et de la vocaliste Alicia Olatuja (remarquée lors du concert donné en 2013 à Washington pour l'inauguration du second mandat de Barack Obama) - le leader mélange standards et compositions personnelles.

Ainsi, d'entrée "Juju", un thème de Wayne Shorter, donne le ton avant que l'organiste, au touché délicat et aux riches interventions débordant de swing, ne s'empare d'un titre écrit par Paul Simon, "50 Ways to Leave Your Lover" ou encore de morceaux dus à la plume de Tadd Dameron et Freddie Hubbard, au milieu de deux compositions originales.

Un CD dans lequel swing, soul et groove - des notions musicales qui parfois font défaut de nos jours ! - sont au rendez-vous. Pourquoi s'en priver ?