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Melody GardotMelody Gardot©Marie-Evelyne ColonnaAvec Melody Gardot, Paolo Conte et Hugh Coltman, la voix était à l’honneur du second week-end du Monte-Carlo Jazz Festival. Kyle Eastwood a assuré la seule partie vraiment instrumentale.

Melody Gardot possède une sacrée garde-robe musicale et vestimentaire. Juchée sur d’impressionnants talons aiguilles, toute de noir moulée, chapeau vissé sur ses cheveux blonds, la chanteuse à la très fine silhouette a, une fois de plus, surpris un public nombreux mais qui met un certain temps avant d’entrer dans son nouvel univers musical. Oubliée la « chanteuse de jazz » des débuts, oubliée l’admiratrice des musiques brésiliennes et lusophones : Melody donne aujourd’hui dans la soul, le funk et le rhythm’n’blues. D’entrée, elle plonge son audience dans le monde musclé et très cuivré de son dernier CD, « Currency of Man ». L’ex-crooneuse ensorceleuse se transforme soudain en une soul sister puissante, punchy et énergique inattendue. Des instants qui ne durent pas car, s’exprimant dans un français parfait et sans accent, la jeune femme se met à raconter de trop longues histoires qui ont le don de faire perdre le fil aux auditeurs. Lesquels n'ont d'autre choix qui se raccrocher à l’hommage au contrebassiste Charles Mingus, avec « March For Mingus ». Excellente comédienne, un tant soit peu manipulatrice, Miss Gardot saura raviver la flamme de la soul music et clore en beauté par deux morceaux musicalement mmusclés.

Paolo Conte, le chic et le charme 
Malgré le temps qui passe Paolo Conte n’a rien perdu de sa belle voix grave, de son charme et surtout de son style, si particulier et original. Accompagné d’un orchestre composé d’une dizaine de musiciens polyvalents, le pianiste/compositeur et poète italien – désormais plus récitant que chanteur - reprend certaines des chansons qui ont fait sa renommée et, à travers elles, fait remonter à la surface des effluves d’émotions et de sentiments poignants. « Come di », « Dancing », « Le chic et le charme » et surtout « Diavolo Rosso », une longue mélodie aux origines d’Europe de l’Est menée par un infatigable guitariste et dans laquelle le swing est roi. Comme un retour à ses premières amours pour le jazz.

Les dandies du jazz
Kyle EastwoodKyle Eastwood©Marie-Evelyne ColonnaVenu du rock et du blues, Hugh Coltman est tombé amoureux du jazz et surtout de l’univers de Nat King Cole. Afin de rendre hommage à celui qui était l’archétype du crooner et également pianiste, le chanteur britannique s’est attaqué avec bravoure et une certaine originalité à réinterpréter - voire à s’approprier - les incontournables succès de Cole. Avec lui, « Sweet Lorraine », « Mona Lisa », « Smile » (un titre composé à l’origine par Charles Chaplin) notamment, retrouvent une nouvelle jeunesse. Et que dire de l’étonnante interprétation de « Nature Boy » (devenu un standard du jazz) dans laquelle le batteur Raphaël Chassin offre un solo qui, partant d’un belle douceur et souplesse, monte crescendo en puissance avant de revenir à la mélodie et relancer la machine du charme.
Au fil des ans, Kyle Eastwood (fils de...) a réussi à se forger une bonne réputation dans le jazz. Sa recette : reprendre la formule magique initiée voici plus d’un demi-siècle par des musiciens comme Horace Silver (piano) ou Art Blakey aux commandes de ses Jazz Messengers. Ainsi, à la tête de son Quintet - une machine bien huilée et rôdée - le bassiste/contrebassiste remet au goût du jour le jazz post-bop et hard bop, si cher à ses mentors, et rend aussi hommage à Horace Silver dans « Prince of Silver ». Riffs de cuivres, de saxes et soli de basse inspirés ponctuent cette musique venue d’un âge d’or du jazz moderne.