Hanna Paulsberg ©Julia-Marie NaglestadLa scène jazz nordique est extrêmement vivante, composite, surprenante et féminine mais trop méconnue. A découvrir absolument !

Quatorze siècles avant Cléopâtre, la reine-pharaonne Hatchepsout fut l'une des rares femmes à diriger l'Egypte. Et 3.500 ans plus tard, Hanna Paulsberg, dans son quatrième album, "Daughter Of The Sun" (Odin Records/Outhere) rend un surprenant hommage musical à cette femme forte de l'Egypte antique et à toutes les autres qui se battent contre les inégalités.Daughter Of The Sun cover

A 31 ans, la saxophoniste-ténor norvégienne est un pur produit de l'école de Trondheim, où se trouvent une université, un conservatoire et un grand orchestre réputés, le Trondheim Jazz Orchestra (TJO), qu'elle a fréquenté. Fille d'un batteur de jazz, elle avoue comme influences Stan Getz (merci papa !), Wayne Shorter et Pharoah Sanders notamment. Profondément ancrée dans ses racines nordiques, la saxophoniste s'est aussi souvent promenée, à la tête de son groupe "Concept", créé il y a quelques années, au sein des musiques américaines et africaines traditionnelles.

Des réminiscences que l'on retrouve dans ce disque hommage dans lequel la leader a invité l'excellent trompettiste suédois Magnus Broo. Six titres originaux, très mélodiques, composent cet opus qui mélange joie et incantation et qui flirte, grâce à ses deux solistes souvent illuminés, avec la tradition et des formes nettement plus libres.
Une nouvelle pierre de touche dans le jazz vivant.

Longtemps une musique d'hommes - à l'exception des chanteuses et de quelques rares instrumentistes - le jazz se féminise de plus en plus. Et trouve en Caecily Norby une fervente avocate.

Cover Sisters in JazzNée dans une famille de musiciens, la chanteuse danoise réputée, qui est dans le métier depuis plusieurs décennies, a décidé, pour son nouveau cd, le bien nommé "Sisters In Jazz" (ACT/PIAS) - cependant produit par un homme, Siggi Loch ! - de s'entourer uniquement de jazzwomen européennes et d'interpréter différentes compositions écrites par des femmes.

Parmi les accompagnatrices, l'Italienne Rita Marcotulli (piano), la Norvégienne Hildegunn Oeseth (trompette), la Suisse Nicole Johänntgen (saxe), l'Allemande Lisa Wulff (contrebasse), la Polonaise Dorota Piotrowska et la Danoise (née aux Etats-Unis), Marilyn Mazur (percussions), qui a joué avec Miles Davis.

Quant aux morceaux choisis, ils ont été écrits par Ann Ronell (le fameux standard "Willow Weep For Me"), Joni Mitchell, Betty Carter, Abbey Lincoln, Nina Simone, Bonnie Raitt, Carole King et la vocaliste danoise.
Autant d'ingrédients pour la confection d'un cocktail féminisé à la fois explosif et gouleyant, à consommer sans aucune modération !

Considérée comme une chanteuse "subtile et délicate", à la voix pleine d'une évocation soul, Rigmor Gustafsson affirme avec conviction cette définition dans son dernier cd, "Come Home" (ACT/PIAS).Cover Rigmor Gustafsson Come Home

Entourée de son très fidèle trio, augmenté de deux invités (dont une harpiste) sur deux titres, la vocaliste suédoise, qui avait ses premières armes dans le New York des années 1990 avec des pointures comme Fred Hersch (piano), Avishai Cohen (contrebasse) et Randy Brecker (trompette), dévoile ses propres compositions et explore, avec beaucoup d'élégance et de lyrisme, deux reprises, une de Joni Mitchell et une de Kate Bush.
La consécration pour une compositrice prolifique et une chanteuse au talent remarquable.

Cover EmberUn talent remarquable, Josefine Cronholm en est également détentrice. Née en Suède, installée au Danemark, la chanteuse a été découverte voici une vingtaine d'années par le multi instrumentiste et compositeur britannique Django Bates.

Une cooptation qui lui a permis de collaborer par la suite avec la percussionniste Marilyn Mazur et le claviériste américain Kenny Werner.
Aujourd'hui, pour son quatrième opus, "Ember" (Stunt/Una Volta Music), elle nous dévoile ses talents de compositrice à travers neuf compositions particulièrement originales dans leurs structures harmoniques et leurs mélodies. Avec en prime une voix aux accents et à l'intonation étonnante, assez éloignées de certains canons, mais relativement envoutante et riche.
Le tout soutenu par des accompagnateurs très solides d'où se dégage la brillante pianiste japonaise Makiko Hirabayashi.

Encore un bijou nordique !