Jérémy Bruyère/ Laurent Coulondre/André Ceccarelli©Vincent Le GallicLa curiosité étant, soi-disant, un vilain défaut, elle permet cependant de faire d'intéressantes découvertes : un guitariste anglais, Hugo Lippi, un pianiste français, Laurent Coulondre, un duo israélien, Avishai Cohen & Yonathan Avishai, et un saxophoniste américain, Bill Evans.

Né en Angleterre, installé à Paris de puis plus de vingt ans, Hugo Lippi est vraisemblablement l'un des guitaristes les plus demandés comme accompagnateur de la scène hexagonale et internationale. Sa carte de visite comporte les noms de personnalités aussi reconnues que Melody Gardot, Nathalie Dessay, Marcel Azzola, Michel Legrand et plus récemment la pianiste/chanteuse australienne Sarah McKenzie.

S'il aime se diversifier dans ses expériences, le guitariste n'en demeure pas moins un fidèle disciple de glorieux aînés comme Django Reinhardt, Wes Montgomery et Joe Pass et d'une certaine tradition.

cover Hugo LippiQui se manifeste très nettement dans son dernier album, "Comfort Zone" (Gaya/L'Autre Distribution) dès le premier titre avec une très belle reprise du "Manoir de mes rêves" de Django. Un morceau qui donne la tonalité du disque car avec ses compagnons - le talentueux Fred Nardin (piano), Ben Wolfe (contrebasse) et Donald Edwards (batterie), deux habiles habitués du Lincoln Center de Wynton Marsalis - le leader virtuose s'installe dans une "zone de confort" musicale, pratiquant un jazz certes aux accents classiques mais tellement jouissif à l'écoute.

(Il sera le 16 septembre au Duc des Lombards à Paris et le 12 décembre à Cergy dans le cadre du festival "Jazz au fil de l'Oise").

https://ducdeslombards.com  - http://www.jazzaufildeloise.fr

Vingt ans après sa disparition Michel Petrucciani continue de fasciner les pianistes français.

cover Laurent CoulondreEt son ombre bienfaitrice de planer sur le nouveau disque de Laurent Coulondre, "Michel On My Mind - Tribute to Michel Petrucciani" (New World Production/L'Autre Distribution). Révélation aux Victoires du jazz en 2016, le jeune pianiste et organiste (30 ans), s'est atteler à réinventer certains des plus grands thèmes de celui qui était surnommé "Petrou" et d'y ajouter deux compositions originales.

Plutôt que de simplement faire revivre son mentor sous ses doigts agiles et sa créativité libérée, il le transcende pour aller - avec le vétéran batteur André Ceccarelli et le contrebassiste Jérémy Bruyère- au-delà avec un vrai bonheur et une réelle jubilation. Un jazz tout en générosité en symbiose avec l'esprit et la lettre d'un grand monsieur qui manque toujours et encore.

(Il sera le 10 octobre au Bal Blomet à Paris)

http://www.balblomet.fr/

Le trompettiste Avishai Cohen (aucun lien de parenté avec le contrebassiste) et le pianiste Yonathan Avishai font partie de cette école de jazz, très riche en fortes personnalités, de Tel Aviv où ils se sont rencontrés et ont souvent joué ensemble dans diverses formations.

cover A. Cohen/Y. AvishaiSous la férule du producteur allemand Manfred Eicher, patron d'ECM, un label dont ils sont aussi les figures de proue, les deux musiciens viennent de graver "Playing The Room" (ECM/Universal).
Un disque très souvent en apesanteur, intimiste et d'un raffinement particulier généré par le choix d'une répertoire qui emprunte à John Coltrane, Duke Ellington, Ornette Coleman, Milt Jackson, voire Stevie Wonder. Sans oublier deux compositions originales et la belle reprise d'une berceuse israélienne.

Des dialogues musicaux d'un niveau très élevé engendrés par deux solistes délicats, créatifs et inspirés.

Pour un soliste s'exprimer à la tête d'un grand format est toujours une expérience passionnante.

cover Bill EvansQu'a voulu tenter Bill Evans. Le saxophoniste-ténor et soprano (à ne pas confondre avec le pianiste), qui fut compagnon de route musicale de Miles Davis dans les années 1980, s'est offert le WDR Big Band de Cologne pour un enregistrement public, "The East End" (Deltan Jazzline/Socadisc), datant de 2011. En fait, ce n'est pas la première fois que le leader s'adjoint cette grande formation prestigieuse et très demandée puisqu'il avait enregistré un disque en 2009, qui avait été récompensé d'un Grammy Awards.

Deux ans après, c'est notamment avec comme invité le bassiste franco-sénégalais Etienne MBappé (le seul à jouer avec des gants !!!) qu'il revisite son propre répertoire, très coloré jazz-rock et jazz funk, porté à son paroxysme par la machine à swing qui opère à ses côtés. Quant au saxophoniste, il libère des choruses incendiaires très imaginatifs et éloquents. Un exemple musclé de réelle fusion.