ElvinJones ©FrancisWolffA défaut de découvrir des enregistrements originaux en studio dans ses coffres, le célèbre label américain Blue Note (Universal), exhume des "live" d'illustres jazzmen quelque peu délaissés au fil du temps, comme Elvin Jones et Donald Byrd.

Durant près de cinq ans, Elvin Jones (1927 - 2004) fut le batteur de l'historique Quartet de John Coltrane, jusqu'à son remplacement alors que le saxophoniste/compositeur prenait la voie (voix ?) d'un jazz de plus en plus libre et mystique.

Deux semaines après le décès de son maître en juillet 1967, qu'il avait aidé à atteindre des sommets musicaux toujours inégalés, le batteur qui avait connu une période d'errance notamment auprès de Duke Ellington (pendant trois semaines), pose ses cymbales et ses fûts dans un club quasi inconnu et éphémère de New York, le "Pookie's Pub".
A ses côtés durant cette résidence de sept mois (de juin à décembre) Joe Farrell (saxe-ténor & flûte), Billy Greene ou Larry Young (piano) et Wilbur Little (contrebasse).

Elvin Jones cover Live at Pookie'sLes neuf pistes de "Revival at Pookie's Pub" (doule CD/triple LP, plus livret et photos), enregistrées entre le 28 et le 30 juillet 1967, sont le lien manquant entre la période coltranienne et la suite de la carrière du bouillonnant, effervescent, voire sauvage batteur, devenu leader.
Balançant entre standards ("My Funny Valentine", "Softly as in a Morning Sunrise" ou encore "Oleo" de Sonny Rollins) et originaux (dont "Keiko's Birthday March", un hommage à sa femme Keiko, récemment décédée à l'âge de 85 ans), la musique est un merveilleux condensé de bop et de hard bop, avec des plages particulièrement longues et, surtout, des interventions explosives et enflammées des solistes, notamment Joe Farrell. Le tout puissamment soutenu par les rythmes endiablés du grand sorcier des tambours.

Un "live" absolument fougueux !

Durant la décennie 1970, le style jazz-rock ou jazz fusion, généré par Miles Davis, avait fait main basse sur la musique afro-américaine, reléguant le révolutionnaire free jazz dans ses derniers bastions, principalement en Europe.

Contemporain du hard-bop, Donald Byrd (1932 - 2013) qui fut trompettiste au sein des "Jazz Messengers" d'Art Blakey, puis avec Mac Roach avant d'enregistrer avec John Coltrane, Sonny Rollins ou Lionel Hampton, succombe au début des '70's aux charmes des rythmes binaires électrisés et funky. Qui aboutira à "Black Byrds", l'une des meilleures ventes du label.

Donald Byrd BlackByrd coverCette même maison de disques qui vient de découvrir "Donald Byrd - Live in Montreux" (cd & lp) publié dans sa collection "Cookin' with Blue Note at Montreux" et gravé en 1973 lors du légendaire festival suisse.
Pour l'occasion, l'élégant et fluide trompettiste, au swing toujours très marqué et affirmé, s'est entouré de quelques-uns de ses plus brillants étudiants d'alors, dont les frères Mizell (Fonce, trompette & Larry, synthétiseurs) et d'une vieille connaissance, Nathan Davis (saxes).

Le résultat : une musique hyper funky, teintée de soul-jazz et de rhythm'n'blues tout droit sorti de l'usine Motown - avec une reprise de "You've Got it Bad Girl" de Stevie Wonder - à travers son sens des rythmes puissants et là aussi d'une fougue groovy.

Une sacrée découverte !