HejiraLe jazz "made in England" se démarque particulièrement des autres écoles grâce à la diversité de ses cultures qui bousculent les codes.

Un peu comme les musiciens nordiques qui ont mis au point une forme de jazz typique et reconnaissable, les jazzmen - et jazzwomen - de la fière Albion ont inventé un style propre et original qui se démarque totalement des autres canons européens. Une sorte de "jazzxit"...

En collaboration avec le club Ronnie Scott's, une institution londonienne depuis 1959, le Duc des Lombards à Paris, a décidé d'organiser une "Brexit Week" (du 26 au 30 mars).

Avec au programme un mélange des genres avec certains acteurs - et actrice - de cette nouvelle scène britannique : "Ruby Rushton", la formation très groovy du flûtiste Tenderlonious, également responsable et producteur du label "22A" qui met en avant la jeune garde londonienne ; le pianiste Ashley Henry, 27 ans, qui a accompagné des jazzmen aussi réputés que Jason Marsalis, Terence Blanchard et Jean Toussaint, dont la musique s'inspire aussi bien de ses pairs que des tendances urbaines actuelles ; le groupe "Hejira" (un hommage à la chanteuse Joni Mitchell !) formé en 2010 de la rencontre entre la vocaliste éthiopienne Rahel Debebe-Dessalegne avec des musiciens venus d'origines différentes (Allemagne, Chili), qui mélange racines diverses et jazz ainsi que le flûtiste Chip Wickham, élevé aux sons de Yusef Lateef et Sahib Shihab, issu de la bouillonnante et très influente scène breakbeat, hip-hop et drum & bass.

RC4tetEt, "at last but not least", le "Ronnie Scott's Band", un quartet "maison", nettement plus "classique", composé de James Pearson (piano), Alex Garnett (saxophone), Sam Burgess (contrebasse) et Chris Higginbottom (batterie).

Un très intéressant jumelage entre deux clubs majeurs de la scène jazz européenne (d'avant Brexit ou pas !).

duc des lombards

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London Calling

Passée la date fatidique du 29 mars, Paris accueillera pour le 3ème année (et visiblement dernière), le "London Jazz Calling", qui durant quatre jours (La Petite Halle & New Morning - les 4,5,6 & 18 avril), proposera aussi des spécimens révélateurs de la nouvelle scène jazz UK.

Dont certains, comme Theon Cross ou Kokoroko ont déjà acquis une sérieuse réputation hors du Royaume-Uni.

Joueur de tuba - comme le fut Howard Johnson au temps du free jazz ! - Theon Cross s'est surtout fait connaître au sein du groupe "Sons of Kemet" du saxophoniste Shabaka Hutchings avant de souffler très puissamment et de façon totalement débridée comme soliste. Et de présenter sa musique, aux confins du jazz libre et librement improvisé, dans son dernier cd," Fyah" (Gearbox Records/Differ-ant).Avec des partenaires aussi magnétiques et emblématiques que lui de la scène londonienne - Nubya Garcia (saxe) et Moses Boyd (batterie) notamment - il propose un jazz vigoureux, ultra énergique et sans retenue. Bref, un véritable nouveau souffle.

Quant aux très jeunes membres de Korokoko, ils présentent une musique alliant les origines afro-beat des souffleuses à des formes de jazz toujours aussi avant-gardistes, ouvertes et vivantes.Parmi les autres invités figurent aussi notamment le sextet Maisha et la vocaliste Peluché.

La comète Shabaka

D'aucuns affirment que l'explosion sur la scène européenne - et accessoirement internationale - du jazz anglais doit beaucoup à Shabaka Hutchings.

Le saxophoniste-ténor - qui rejette l'appellation "jazz" pour sa musique (tout comme Miles Davis auparavant !) - né à Londres voici 35 ans, élevé à La Barbade avant de revenir dans la capitale britannique pour terminer ses études musicales, a été un précurseur.

A la tête de deux formations régulières - "The Ancestors" et surtout "Sons of Kemet" - et représentant un tiers du groupe de "jazz" futuriste "The Comet is Coming", il a généré une musique très personnelle, puissante et parfois extatique dans son mysticisme, qui n'est pas sans rappeler (pour les plus anciens !) celle de l'époque mystique justement de John Coltrane et post avec son disciple Pharoah Sanders

.La confirmation de cette approche "free jazz spiritual", par moment éruptif et entrecoupé d'improvisations électro-psychédéliques, ressort du contenu du dernier album avec "The Comet is Comming" - Danalog (claviers/électronique) et Betamax (percussions) - intitulé très mystérieusement "Trust In The Lifeforce Of The Deep Mystery" (Impulse !/Universal).Une musique certes exclusive, qui en même temps questionne et repousse certaines limites, mais ne laisse jamais indifférent par ses processions de notes et de rythmes; le tout absolument extravagant et délirant..

Il sera au Badaboum à Paris le 4 avril pour présenter ses nouvelles expériences musicales.