À la recherche des futures stars, les grands labels s'intéressent aux jeunes talents qui ont débuté au sein des formations de leaders reconnus. À l'image de Sullivan Fortner, pianiste, de Kendrick Scott, batteur, et de Mette Henriette, saxophoniste.
Extraits du CD en écoute sur JazzGazette.com
Qui sera le nouvel Art Blakey, le nouveau grand pianiste fédérateur, ou le (ou la !) saxophoniste qui va révolutionner le jazz actuel ? C’est une question que se posent quotidiennement les producteurs des principales maisons de disques internationales à la recherche de la « nouvelle star » ! Réponse : des talents qui ont débuté au sein des formations de leaders reconnus.
A l’image de Sullivan Fortner. A 28 ans, le jeune pianiste originaire de La Nouvelle-Orléans, LE berceau du jazz, peut se targuer d’avoir déjà une belle carte de visite. Après avoir découvert la musique dans les églises et étudié dans de prestigieuses écoles (dont la Manhattan School of Music), il intègre les quintettes des trompettistes Roy Hargrove et Christian Scott et du vibraphoniste Stefon Harris, tout en accompagnant des stars comme Dee Dee Bridgewater. En 2015, il est le lauréat de la bourse Cole Porter de l’American Pianists Association. Repéré par Jean-Philippe Allard, un producteur français qui préside aux destinées du célèbre label Impulse (Universal), il vient d’enregistrer « Aria », un album où il se produit accompagné d’autres jeunes espoirs comme TivonPennicott (saxe ténor & soprano), AidanCaroll (contrebasse) et Joe Dyson (batterie).
Un CD d’une grande fraîcheur dans le style pour ce jeune pianiste d’exception, improvisateur et compositeur talentueux, qui aime alterner des standards éternels (« All The Things You Are » du tandem Kern/Hammerstein, par exemple) avec des thèmes originaux harmoniquement et rythmiquement inventifs et débridés. Un bel acte de naissance.
Autre acte de naissance, celui du batteur Kendrick Scott, 35 ans. Comme Sullivan Fortner, c’est au sein des églises, à Houston, sa ville natale, qu’il va apprendre la batterie avant d’intégrer le célèbre Berklee College of Music et d’être repéré par des pointures comme Herbie Hancock, Charles Lloyd, le chanteur Kurt Elling et surtout le trompettiste Terence Blanchard. C’est cet ancien membre des Jazz Messengers d’Art Blakey qui va véritablement asseoir et lancer la future carrière du batteur qui aura passé une dizaine d’années à ses côtés.
« Il est devenu l’Art Blakey, l’Elvin Jones, le Tony Williams de sa génération », dit de lui le trompettiste, en le comparant à de très grands maîtres rythmiciens du jazz moderne. Une vérité qui se confirme à l’écoute de « We Are The Drums », son premier disque à la tête de son groupe « Oracle » pour le mythique label Blue Note (Universal). Associé à d’autres jeunes talents – Jon Ellis (saxes), Taylor Eigsti (claviers), Mike Moreno (guitare) et Joe Sanders (contrebasse) – il navigue entre standards et thèmes originaux résolument actuels, mélodiques et dynamiques, dont certains ne sont pas sans rappeler les quintettes de Miles Davis des années 1960. Un jazzman à suivre qui s’inscrit dans l’air du temps et le marque de son tempo.
De son vrai nom Mette Henriette Martedatter Roelvaag, Mette Henriette est une jeune (à peine la trentaine) saxophoniste, compositrice et surtout improvisatrice norvégienne. Comme beaucoup de musiciens venus du Nord de l’Europe, elle mélange sa propre culture, ses études classiques et le jazz dans sa version européenne, donc souvent libre et débridé. Un univers qui se dévoile à l’écoute de son album éponyme (ECM/Universal), dans lequel, accompagnée d’un grand orchestre à l’instrumentation multiple et inattendue, elle fait preuve d’une grande énergie créatrice, d’un jeu instrumental au son intense et d’un décloisonnement des genres.