Il existe dans les coffres des maisons de disques des kilomètres d’enregistrements inédits, en studio ou en direct. En cette fin 2015, quatre beaux coffrets riches d'inédits sortent pour rendre hommage à des artistes au sommet de leur art. John Coltrane en 1964, Weather Report à la fin des 70's, Joe Castro dans les années 50 et " The Voice ", Frank Sinatra, entre 1935 et 1955.
L'amour suprême de John Coltrane
Le 9 décembre 1964, John Coltrane et son Quartet « classique » - McCoy Tyner (piano), Jimmy Garrison (contrebasse) et Elvin Jones (batterie) – s’installaient dans les studios de l’ingénieur du son Rudy van Gelder pour enregistrer « A Love Supreme ». Cette suite en quatre mouvements, totalement imprégnée de mysticisme, allait devenir légendaire dans le jazz, voire au-delà, et dans la carrière du saxophoniste ténor et soprano. Un disque vinyle devait voir le jour en 1965 et fut la seule version autorisée par l’emblématique jazzman. A l’occasion du 50è anniversaire de la parution de l’album, Impulse (Universal) publie une édition de luxe, « A Love Supreme/The Complete Masters », comprenant, outre l’édition originale, certains titres qui figuraient déjà sur une parution précédente sortie en 2002 et la seule version « live » officielle d’un concert donné le 26 juillet 1965 dans le cadre du festival de jazz d’Antibes/Juan-les-Pins. Neuf morceaux inédits complètent le coffret de trois CDs, dont le livret est dû à la plume du critique américain Ashley Kahn. Sur ces plages (beaucoup de prises alternatives et de faux départs), deux valent vraiment l’écoute : il s’agit de deux versions d’« Acknowledgement » (le premier mouvement de la suite), dans lesquelles figurent un autre saxophoniste-ténor, Archie Shepp, déjà acteur du Free Jazz, et un second bassiste, Art Davis. Ou la rencontre entre un Coltrane totalement imprégné et impliqué dans son chef d’œuvre visionnaire, et un Shepp accrocheur, mordant, rauque, brut de son, parfois déchirant et déchiré.
Un ravissement pour tous les collectionneurs.
Weather Report en " direct-live "
Fin des années 1970/début 80, Peter Erskine fut le batteur de ce que beaucoup considèrent comme l’apogée musicale de l’emblématique groupe de jazz-rock/fusion Weather Report. Durant cette époque, lui-même et l’ingénieur du son Brian Risner, affectionnaient d’enregistrer les concerts en direct de la formation. Des bandes qui sont restées inédites jusqu’à la parution de « Weather Report – The Legendary Live Tapes : 1978-1981 » (Columbia Legacy/Sony Music). Co-produits par le batteur et Tony Zawinul, fils de Joe Zawinul (claviers), l’un des cofondateurs du groupe avec Wayne Shorter (saxes), ces enregistrements permettent de retrouver le quartet classique avec le talentueux et mythique Jaco Pastorius (basse) et parfois Robert Thomas Jr. (percussions), lors de concerts donnés au Japon, aux Etats-Unis, en Angleterre et au Danemark. Des moments musicaux de légende d’un groupe pionnier alors au sommet de son art collectif, de sa créativité et de son inventivité.
Joe Castro : million dollars pianist !
Pianiste, chef d’orchestre et compositeur dans les années 50, Joe Castro (1927 – 2009) n’a pas connu réellement la vie d’un jazzman financièrement aux abois car c’est lors d’une tournée à Hawaï qu’il rencontre Doris Duke la femme la plus riche du monde. Elle va devenir sa muse et son épouse. C’est elle qui financera la création de son label Clover Records, dont il gardera la propriété après leur séparation. Aujourd’hui, vient de paraître « Lush Life – A Musical Journey » (Sunnyside/Naïve), un coffret de 6 cds rassemblés par le producteur français Daniel Richard, qui retrace la carrière musicale du pianiste/leader d’origine mexicaine entre 1954 et 1966. Une période durant laquelle il côtoie des personnages légendaires comme Stan Getz, Zoot Sims, Chico Hamilton, Teddy Edwards (surtout dans le disque 6), Lucky Thomson, Paul Motian, Billy Higgins ou encore Oscar Pettiford et autres figures de la West Coast comme Conte Candoli et Frank Rosolino. Un très intéressant pianiste de second plan à remettre absolument en lumière pour sa contribution au jazz moderne.
" Ol' Blue Eyes " en route vers la gloire
Décembre 2015 (le 12 exactement) marque le 100è anniversaire de la naissance de Frank Sinatra, LA voix d'or masculine du jazz et de la chanson américaine en général. Si cette date anniversaire est aussi le moment de revenir sur la vie du célèbre crooner qui a alimenté et continue d'alimenter les gazettes et les magazines people, concentrons nous plutôt sur sa prolifique et longue carrière. " Frank Sinatra : A Voice On Air (1935 - 1955) " est un luxueux coffret de quatre cds (Columbia Legacy/Sony Music), et une superbe anthologie. Elle couvre les débuts de la future star, venue d'Hoboken, jusqu'à ses duos avec l'élite des vedettes du moment qui vont de Louis Armstrong à Bing Crosby ou Nat King Cole en passant par Judy Garland. Le tout accompagné notamment par les grands orchestres de Tommy Dorsey, Harry James et le sextet de Benny Goodman. " The Voice " inimitable au top de son art.