JoeyAlexander ©Jimmy KatzLa valeur n'attend pas le nombre des années. Un dicton qui se vérifie pour une toute nouvelle génération de (souvent très) jeunes jazzmen qui ont pour noms Joey Alexander, Tom Ibarra, Dexter Goldberg ou Keyon Harrold.


Né à Bali voici bientôt quinze ans, le pianiste Joey Alexander a déjà... cinq ans de métier ! Et pas moins de trois nominations aux Grammy Awards pour ses précédents albums ! C'est peu de dire que le jeune surdoué est un prodige du clavier !

Ses sources d'inspiration : Thelonious Monk, Herbie Hancock (devant qui il se produisait alors qu'il était âgé de 8 ans), John Coltrane ou encore Miles Davis. Pour son nouvel album "Eclipse" (Motéma Music/PIAS), le leader s'est adjoint des accompagnateurs et un invité de choix - Reuben Rogers (contrebasse) et Eric Harland (batterie), plus Joshua Redman (saxes) - pour dévoiler six compositions originales et des thèmes de John Coltrane ("Moment's Notice"), Bill Evans ("Time Remembered") et du tandem Lennon/McCartney ("Blackbird").

D'où il ressort une subtile et délicate évocation harmonique et mélodique, appuyée par l'excellence du touché parfaitement maitrisée, par l'inventivité et les lumineuses interventions de Joshua Redman.

(Il sera le 27 juin à Wolfisheim, le 29 à la Fondation Louis Vuitton à Paris et le 30 au Ajaccio Jazz Festival).

Tom IbarraTout juste âgé de 18, le guitariste Tom Ibarra, qui collectionne déjà les récompenses - la dernière en date fait de lui le premier lauréat du "Rising Stars Jazz Awards" de Londres - a ancré son style dans le jazz-rock et le jazz fusion. Presque une évidence quand on a eu la chance de se produire avec les bassistes Marcus Miller ou encore Richard Bona.

Une autre évidence que cette graine de star de la six-cordes électrique présente dans son dernier CD, "Sparkilng" (www.tomibarra.com). Une musique ponctuée de rythmes funky, volontiers rockisants, avec de riches mélodies, qui ne sont pas rappeler les belles heures du jazz binaire des années 1970, remises aux goûts du 21è siècle par la nouvelle génération.

Un soliste décapant techniquement et particulièrement groovy ! 

(Il sera le 20 juillet au Nice Jazz Festival et le 21 au Saint-Emilion Jazz Festival).

Dexter GoldbergA côté, le pianiste Dexter Goldberg fait presque figure de jazzman "classique".

A 30 ans, cet élève des pianistes Olivier Hutman et Pierre de Bethman ainsi que du contrebassiste Ricardo Del Fra (dans la classe jazz du CNSM de Paris), ayant aussi collaboré avec Ricky Ford (ex-Charles Mingus, saxes), vient de graver son premier album, "Tell Me Something New" (Jazz&People/PIAS) à la tête de son trio (Bertrand Beruard, contrebasse ; Kevin Luccheti, batterie).

Une démarche et un travail personnel au niveau des compositions originales parfaitement maitrisés, dans la droite ligne de trios contemporains qui redéfinissent le périmètre de jeu.

(Il sera le 17 mai au Prisme d'Elancourt, le 18 au Sunside à Paris & le 19 au festival Saint Jazz sur Vie).

Keyon Harrold©Deneka PenistonPour avoir joué auprès d'artistes aux styles aussi divers que JAY-Z, Mary J. Blige, Beyoncé, 50 Cent, Eminem, Gregory Porter, Rihanna ou assuré le jeu de trompette dans le biopic "Miles Ahead", Keyon Harrold, dont le mentor est le trompettiste Charles Tolliver, est une sorte d'OVNI en jazz.

Des influences si diverses que l'on découvre dans son dernier cd "The Mugician" (Legacy/Sony Music), dans lequel, celui que l'on compare volontiers à Freddie Hubbard, est une véritable éponge musicale et propose un jazz décalé, très proche du hip-hop, souvent narratif et engagé - surtout avec "MB Lament", une ode à un jeune afro-américain abattu à Ferguson en août 2014, ville d'où est originaire le leader - voire climatique. Le tout ponctué par un jeu instrumental à la fois aérien et bluesy.

Une curiosité très contemporaine.