Naturellement – et traditionnellement – cantonnée au rôle d’accompagnatrice, la contrebasse retrouve parfois une place prépondérante au sein de l’orchestre.
Comme sous la houlette de Chris Jennings.
Installé en France depuis plus d’une vingtaine d’années, le contrebassiste (anglophone et gaucher) et compositeur canadien vient de sortir son nouvel opus « Boy, She’s The Dandy » (Eden River Records), le neuvième de sa carrière comme leader, lui qui est principalement un accompagnateur.
Et des artistes, il en a accompagné. De Joachim Kühn à David Linx en passant par Grégory Privat (récemment couronné Prix Django Reinhardt 2024 par l’Académie du jazz), Dhafer Youssef, Enrico Rava, Lee Konitz ou encore Céline Bonacina et Nguyên Lê, notamment.
C’est avec une formation particulièrement hétérogène baptisée « 5 Ways Home » - Kalle Kalima (guitare – Finlande), Patrick Goraguer (piano -surtout connu comme batteur et fils du compositeur Alain Goraguer), Eric Schaeffer (batterie – Allemagne), plus deux invités, Rachel Eckroth (vocal – USA) et Hayden Chisholm (alto saxe – Nouvelle Zélande) – qu’il a gravé un disque uniquement composé de titres originaux, dont un en hommage à Ornette Coleman.
Reste la musique. Evidemment dans l’air du temps, elle est un conglomérat des divers genres et tendances actuels qui prédominent dans un jazz aux formes nouvelles et éclectiques.
Si une forme de swing et de groove décalée rythmiquement et harmoniquement - le guitariste Kalle Kalima y est pour beaucoup avec le soutien mélodique du leader – sont très présents, les influences et les références à d’autres styles et écoles sont aussi nombreuses que variées.
Alchimiste des sons sur sa contrebasse – boisés, amples, ronds, expressifs et souples – Chris Jennings est aussi et avant tout un alchimiste des ambiances.
Un « ambianceur », dirait-on de nos jours !
(Il sera le 18 septembre au New Morning à Paris (en première partie avec le guitariste Nguyên Lê, puis avec sa formation)
Didier PENNEQUIN