En cette année de commémoration du centenaire de sa naissance, l'esprit de Boris Vian a flotté sur la soirée de remise des prix 2019 de l'Académie du Jazz par son président François Lacharme au Pan Piper à Paris. D'autant que le génial touche-à-tout fut l'un des membres fondateurs de l'auguste assemblée en 1954.
Une fois n'est pas coutume, le prestigieux et très convoité Prix Django Reinhardt (musicien français de l'année - soutenu par la Fondation BNP Paribas) a récompensé un guitariste confirmé, Hugo Lippi. Celui-ci devient ainsi le sixième guitariste après Joseph Dejean, Christian Escoudé, Marc Ducret, Sylvain Luc et Nguyen Lê à décrocher le Graal.
C'est en citant Luis Bunuel - "tout ce qui n'est pas de la tradition est du plagiat" - que le réalisateur Bertrand Tavernier, auteur d'un des rares films sur le jazz "Autour de minuit", a remis au Yes ! Trio le Grand Prix de l'Académie du Jazz. Cette formation internationale - Aaron Goldberg (piano), Omer Avital (contrebasse) et Ali Jackson (batterie) - a été récompensée pour son disque "Groove du jour", publié sur un label français "Jazz & People" (PIAS).
Admirateur inconditionnel de Michel Petrucciani (et au passage arbitre de basket-ball), le pianiste Laurent Coulondre s'est vu remettre le Prix du Disque français pour son hommage à son mentor avec "Michel on my Mind" (New World Production/L'Autre distribution).
Le Prix du Meilleur inédit/Réédition marquante a été attribué au regretté saxophoniste-ténor Barney Wilen (1937 - 1996) pour son double album posthume "Live in Tokyo '91" (Elemental Music/Distrijazz), gravé alors à la tête d'un tout jeune trio emmené par Olivier Hutman (piano - Gilles Naturel, contrebasse ; Peter Gritz, batterie).
Quant aux autres récompenses, citons pêle-mêle le saxophoniste Daniel Erdmann (prix du Musicien européen), la vocaliste expérimentale Leïla Martial (prix du Jazz vocal), les œuvres complètes d'un des maîtres du boogie woogie, le pianiste Albert Ammons (prix du Jazz classique), la vénérable chanteuse de soul Mavis Staples (prix Soul) et le jeune bluesman Jontavious Willis (prix Blues).
Et quid de l'esprit de Boris Vian ?
Il a été invoqué avec émotion et dévotion par la chanteuse et comédienne Nathalie Dessay, venue lire un texte consacré à l'amateur de jazz, et par la remise du Prix du Livre de Jazz, ex-aequo, à Nicole Bertolt & Alexia Guggémos, pour "Boris Vian 100 ans" (Editions Heredium), et Christelle Gonzalo & François Roulmann, pour "Anatomie du Bison - Chrono-bio-bibliographie de Boris Vian" (Editions des Cendres).
Photos©Patrick Martineau