Au fur et à mesure que sont dévoilées les programmations des festivals de l'été, une question se pose. Qu'ont en commun les rappeurs, hip-hopers, rockers et chanteurs comme IAM, De La Soul, Deluxe, Mary J. Blige, Sting, Tom Jones, - M - , Ten Years After, Michel Jonasz et tant d'autres ? Réponse : d'être invités dans des festivals étiquettés "jazz" !
Il semble que plus d'un quart de siècle après l'invasion des musiques dites du "monde" - sous prétexte de "voisinage" et de "cousinage" - dans certaines de ces mêmes manifestations estivales afin essentiellement de remplir la jauge - autrement dit attirer le maximum de spectateurs quitte à y perdre ses fondamentaux et son âme - les différents organisateurs d'aujourd'hui commettent les mêmes erreurs qu'hier. A défaut d'avoir su et/ou pu renouveler le public de jazz.
Certes, la quasi totalité des figures tutélaires et emblématiques de cette musique, désormais centenaire, a disparu ou est en voie de disparition en raison de leur grand âge. Certes, les dernières et nouvelles générations de brillants jazzmen - et jazzwomen ! - venus de tous les horizons, même si elles remplissent clubs et salles, ne sont pas en mesure d'amener un très large public, souvent lambda, dans les enceintes des festivals. A l'exception des chanteuses et chanteurs, voire d'un trompettiste qui mange à tous les rateliers des Victoires de la musique....
Certes, certains festivals, soumis à la pression du remplissage et du record de fréquentation annuel à battre, sauvent leur âme et leur esprit grâce à la présence d'une seconde scène uniquement dédiée au jazz - le Nice Jazz Festival par exemple - ou décident de coupler le prix des soirées purement jazz pour les amateurs comme Jazz à Juan pour son édition 2017. Enfin, certains n'hésitent pas à casser la tirelire pour conserver l'AOP Jazz, à l'image de Jazz in Marciac, qui va fêter ses 40 ans cette année.
Certes, tous ces éléments énumérés ne consistent pas à contester les choix musicaux. Cependant force est de constater que les publics ont changé, que la jeune génération des 18-35 ans, élevée (?) à l'écoute de toutes les musiques vivantes - afro-américaine ou pas - est une véritable éponge, ne s'embarrasse pas de "chapelles" et, surtout, n'a aucune éducation musicale propre. Pour elle, tout est "bon" ! Une réflexion s'impose donc en matière de "jazz", pris en otage par d'autres genres.
Mais comme dit le dicton : on n'attire pas les mouches avec du vinaigre !