Jazz et blues : ces musiques trônent chez les libraires avec un Dictionnaire amoureux du jazz et une émouvante biographie de Bessie Smith.
Tout amateur de jazz un peu pointu se doit d'avoir un dictionnaire - même en ces temps d'hégémonie (et souvent d'imprécisions) de Wikipédia ! - la bible étant celui du trio Philippe Carles/André Clergeat/Jean-Louis Comolli (Bouquins/Robert Laffont).
Quant aux "amoureux" du jazz, ils attendaient depuis longtemps un ouvrage de référence. C'est désormais chose faite avec le "Dictionnaire amoureux du Jazz" de Patrice Blanc-Francard (Editons Plon - env. 650 - 24 euros) dans la collection éponyme.
Cependant, il faut préciser d'entrée que ce livre est avant tout subjectif (avec l'emploi du pronom personnel, "je") et plein de coups de cœur, dont certains sont assez insolites. L'auteur, journaliste, homme de radio et surtout de télévision - il fut notamment responsable des "Enfants du rock" dans les années 1980 - dévoile tout au long des pages sa passion pour cette musique plus que centenaire et ses jardins secrets. Il n'est jamais question d'un ouvrage exhaustif mais surtout d'un message d'amour.
Avec des hommages aux grands noms, féminins et masculins, et, plus inattendu, à un festival - Montreux - à un ingénieur du son mythique récemment disparu - Rudy Van Gelder - ou au film de Bertrand Tavernier, "Autour de minuit" (1986). Un dictionnaire évocateur très personnel qui se lit comme un roman.
Dans sa très longue histoire, le blues a connu beaucoup de "King" mais une seule impératrice : Bessie Smith (1894 - 1937).
Et c'est cette vie, particulièrement mouvementée à la fin tragique, que nous raconte Stéphane Koechlin dans "Bessie Smith - des routes du Sud à la vallée heureuse" (Le Castor Astral - 320 pages - 18 euros).
L'auteur - qui a déjà à son actif de nombreux livres sur le blues et le rock - raconte, à la manière d'un roman qu'il est difficile d'abandonner, la vie terriblement tumultueuse - surtout sentimentalement - d'une forte femme, au caractère bien trempé dans une Amérique encore en proie au racisme, et sa carrière.
Un carrière ponctuée de rencontres, notamment avec des jazzmen en devenir, et de succès qui feront d'elle l'impératrice incontestée de la "musique du diable" et une référence pour la grande Billie Holiday. Jusqu'à sa mort brutale, des suites d'un accident de la route, dans une petite chambre d'hôtel de Clarksdale (Mississippi). Une émouvante et belle biographie d'un des mythes du blues doublée d'un plongeon dans l'Amérique des années 1920/30.