Pianiste, compositeur/arrangeur et chef d'orchestre, Claude Bolling qui est décédé l'avant dernier jour de cette "annus horribilis", à l'âge de 90 ans à l'hôpital de Saint-Cloud en région parisienne, était un touche-à-tout qui avait un sens génial de la musique.
Si l'histoire de la bande originale de films lui doit notamment la musique des deux "Borsalino" (avec Alain Delon et Jean-Paul Belmondo), "Le magnifique", "Flic story" ou encore "Les brigades du Tigre", c'est grâce au jazz qui ce natif de Cannes en 1930, s'est hissé parmi l'élite des musiciens français.
En effet, dès la fin des années 1940, le pianiste - qui vénérait Duke Ellington, au point qu'au autre célèbre touche-à-tout Boris Vian l'avait surnommé "Bollington" ! - se frotte à des jazzmen américains de passage à Paris comme Lionel Hampton Roy Eldridge, Cat Anderson, Paul Gonsalves et la chanteuse Carmen McRae. Des références avec lesquelles il a gravé par la suite de nombreux enregistrements.
Son style pianistique, formé sous les diverses influences de maîtres comme Earl Hines, Fats Waller, Art Tatum et principalement Duke Ellington, dont il fut un réel disciple, fut un de ses meilleurs atouts pour ces rencontres et pour ouvrir son horizon.
Et c'est en 1955 qu'il forme son premier big band qui, jusqu'à ces dernières années, tournait encore et a été une pépinière pour nombre de jazzmen hexagonaux, certains parmi les meilleurs à l'image de Claude Tissendier (alto-saxe/clarinette), André Villéger (ténor-saxe/clarinette) et Benny Vasseur (trombone).
Si on ne compte plus les musiques de film (plus d'une centaine) et de séries télévisées (plus d'une quarantaine), il a également collaboré avec des personnalités de la chanson française comme Juliette Gréco, Henri Salvador ou encore Brigitte Bardot, et a été à l'origine d'un quatuor féminin très en vogue dans les années 1960, "Les Parisiennes".
Cependant, il a aussi multiplié les expériences, en mariant jazz et musique classique, notamment avec le flûtiste Jean-Pierre Rampal dans "Suite pour flûte et piano jazz", une œuvre classée 530 semaines dans le magazine américain Billboard !
Avec cet officier de la Légion d'honneur, une récompense obtenue en 2010, c'est aussi un des grands spécialistes du ragtime, dont il raffolait, qui disparait.