Jamais depuis sa disparition, John Coltrane a fait l'objet d'un tel culte musical et de la personnalité.

Coltrane Gold©Grayson Dantzic PhotoPlus d'un demi-siècle après son décès survenu le 17 juillet 1967, des suites d'une infection aiguë du foie, à l'âge de 40 ans, le saxophoniste (ténor & soprano), flûtiste (essentiellement sur la fin de la vie), compositeur et leader de son célébrissime Quartet - McCoy Tyner, piano ; Jimmy Garrison, contrebasse ; Elvin Jones, batterie - est, plus que jamais, omniprésent. Phonographiquement comme en littérature.

En matière de disques, deux de ses albums pré-fondateurs pour Atlantic - "Giant Steps" (1960) et "My Favorite Things (1961) - ont été certifié "Or" (soit plus de 500.000 copies vendues) par l'industrie du disque américaine (RIAA). Quant à l'album studio posthume, totalement inédit, "Both Direction at Once - The Lost Album" (Impulse), gravé en 1963 et paru au printemps dernier, il a dépassé les 100.000 ventes.

"Ces disques étaient en avance sur leur temps, n'ont pas pris une ride et resteront à jamais une élévation et instructifs" a déclaré son fils, Ravi Coltrane, lors de la remise des récompenses fin 2018.

Question littérature, John Coltrane fait aussi le bonheur des écrivains, historiens et biographes, principalement en France.

John Coltrane couverture"John Coltrane - L'amour suprême" de l'écrivain et critique de jazz Franck Médioni (Castor Music - 270 pages- 20 euros) est une biographie à deux facettes, préfacée par Archie Shepp, et agrémentée de très nombreux entretiens inédits, dont beaucoup de jazzmen voire auteurs et chroniqueurs français.

Elle avance par étapes, analyse ses rencontres et aborde deux aspects primordiaux dans l'existence du saxophoniste, dont celui du mysticisme qui, en fin de carrière, a conduit à des albums particulièrement chargés en connotations religieuses et/ou "sidéraux".

Un excellent voyage à travers un personnage mythique dans toute l'histoire du jazz qui avait pour unique crédo : jouer, jouer, jouer !

John ColtraneDes réflexions et des considérations que l'on découvre sous un autre angle surtout dans "John Coltrane - La décennie fabuleuse" (L'Harmattan - 286 pages - 29,50 euros) de Jean Francheteau.

L'auteur, passionné de jazz depuis son enfance, utilise la très riche discographie décennale 1957-1967 - et dans ce cas allant jusqu'au CD inédit du printemps dernier - pour à la fois analyser, commenter et montrer l'évolution de la direction musicale, de la créativité, du style et de la personnalité du leader. Cette démarche originale, très bien documentée, apporte un nouvel éclairage sur l'héritage de John Coltrane et l'intérêt qui en découle toujours actuellement. De plus, le livre comporte une discographie intégrale (avec le line-up des musiciens) de cette décennie 1957-1967, ainsi que des enregistrements précédents depuis ses débuts en 1946.

Une passionnante chronologie et histoire d'un jazzman dont le parcours musical et personnel est toujours au firmament de la fascination.

Un saxophoniste emblématique qui avait un alter ego - Archie Shepp, 81 ans - et un disciple - Pharoah Sanders, 78 ans - compagnon des ultimes recherches musicales.

Archie Shepp & Pharoah SandersDeux figures majeures des années Free jazz qui font l'objet d'un petit livre, "Archie Shepp et Pharoah Sanders - Deux héritiers de John Coltrane" (L'Harmattan - 86 pages - 12 euros), de la plume de Roland Guillon, déjà responsable de "L'univers de John Coltrane", paru en 2017 chez le même éditeur.

Dans son essai, l'auteur retrace les trajectoires et surtout les apports de ces deux saxophonistes au jazz qualifié à l'époque de "nouvelle chose" ("New Thing"), ainsi qu'à leurs parcours très diversifiés lors des décennies d'après.

Des jazzmen aux nombreux points communs et aux cheminements musicaux différents mais avec un dénominateur commun : John Coltrane !